Lettre à l’ARCOM (Agence de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique)

Voici la lettre que j’adresse à Roch-Olivier MAISTRE, directeur de la publication de l’ARCOM le 11 juillet 2024.


Argentat-sur-Dordogne, le 11 juillet 2024

Frédéric Boutet
19400 Argentat-sur-Dordogne

à l’Agence de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique

Roch-Olivier Maistre, président ; et ses conseillers

OBJET : Votre « mise en garde » du 25 juin 2024 à Sud Radio et Sud Radio+

Monsieur le président de l’ARCOM,

Mesdames et Messieurs les conseillers,

Votre déclaration du 25 juin 2024 publiée sur le site web de l’ARCOM1 dit :

« L’Arcom a été alertée au sujet d’une séquence, diffusée dans l’émission Bercoff dans tous ses états le 7 décembre 2023 sur Sud Radio et Sud Radio +, consacrée à la COP28.

Elle a relevé que plusieurs déclarations venaient contredire ou minimiser le consensus scientifique existant sur le dérèglement climatique actuel, par un traitement manquant de rigueur et sans contradiction.

La diffusion de cette séquence caractérise donc une méconnaissance des obligations inscrites à l’article 1er de la délibération du 18 avril 2018, auxquelles renvoie l’article 2-2 de la convention des services Sud Radio et Sud Radio +, ainsi qu’une méconnaissance des stipulations conventionnelles relatives à la maîtrise de l’antenne.

En conséquence, l’Autorité a mis en garde l’éditeur des services contre la répétition de tels manquements. »

En tant que personne formée à la recherche (thèse de doctorat en 1999 à l’INSA de Toulouse en Informatique Industrielle), votre décision m’interpelle à plusieurs égards.

Contexte

L’émission « Bercoff dans tous ses états » du 7 décembre 20232 était consacrée à la COP28 à Dubaï avec comme invité François Gervais. Ce physicien professeur émérite de l’université de Tours a écrit plusieurs ouvrages dont les titres sont clairs :

  • « L’innocence du carbone » Albin Michel 2013
  • « L’urgence climatique est un leurre » L’artilleur 2018
  • « Merci au CO2 » L’artilleur 2020
  • « L’impasse climatique » L’artilleur 2022
  • « Le déraisonnement climatique » L’artilleur 2023

Donc vous mettez en garde André Bercoff. Vous le menacez de sanctions s’il invite à nouveau François Gervais pour parler de ses travaux, de ses livres sans le contredire en permanence.

Je vous prie de bien vouloir prendre connaissance des réflexions qui suivent.

Question préalable de vocabulaire : « consensus scientifique » est un oxymore

Vous dites qu’il est problématique de « contredire ou minimiser le consensus scientifique existant sur le dérèglement climatique actuel ».

Un consensus est un accord entre plusieurs personnes, obtenu après un processus politique. Ce processus est le suivant : on fait des tours de table jusqu’à ce que plus personne n’oppose de veto au texte ou la décision mise en question, on dit alors qu’il y a consensus.

En science, il n’y a pas de consensus. Il y a ce qui est prouvé et ce qui ne l’est pas. Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire : « est-ce que l’hypothèse de Pythagore sur le triangle rectangle fait consensus » ? Non. Parce que son théorème est démontré.

En science du climat, il y a une controverse – du latin controversia3 – sur l’origine de l’élévation de la température globale à la surface de la planète Terre (appelez cela « dérèglement » si ça vous chante, c’est une interprétation purement subjective). Certains pensent qu’elle est uniquement due à l’émission de CO2 par la combustion des hydrocarbures depuis la révolution industrielle, une hypothèse qui rejoint celle de Svante Arrhenius à la fin du XIXè siècle. D’autres pensent qu’elle est due principalement à la variation d’activité solaire, vu que les autres planètes voient leur température augmenter aussi. D’autres enfin pensent qu’il s’agit des oscillations de la distance Terre-Soleil.

Aucune de ces hypothèses n’est démontrée comme le théorème de Pythagore est démontré – d’où l’expression « il ne faut pas confondre Al Gore et Pythagore ». Il est même probable que la réalité soit un mix de toutes ces hypothèses.

Peu importe le pourcentage de gens qui croient une théorie ou une autre, il n’y aura pas consensus : ce n’est pas le but de la science d’atteindre un consensus puisque la science ne fait normalement pas de politique. Ce qui peut arriver, c’est qu’une de ces hypothèses soit démontrée de manière irréfutable par la théorie ou par l’expérience, comme par exemple la théorie de la composition de la matière – noyau, neutron, proton, électron, etc. – fût validée par de nombreuses expériences de physique.

Ainsi, l’expression « consensus scientifique » associe deux termes contradictoires, c’est donc un oxymore, encore un4. Soit on fait de la science, soit on fait de la politique. Laissez-moi vous dire que mélanger les deux génère une confusion extrêmement nuisible dans le public. En avez-vous conscience ? Est-ce le but de l’ARCOM de générer de la confusion chez les auditeurs, confusion entre politique et science ?

consensus n’est pas majorité

Certes, je constate aussi que dans le langage des médias de masse, le mot « consensus » peut signifier « majorité ». Faites un tour de table sur une question donnée puis procédez à un vote : si l’une des hypothèses obtient la majorité par rapport aux autres, les médias de masse diront qu’il y a consensus sur cette hypothèse. Mais c’est une manipulation psychologique puisqu’en appelant majorité consensus, on laisse penser que tout le monde est d’accord et qu’aucun doute n’est permis, ce qui n’est absolument pas le cas.

C’est le Novlangue dans « 1984 » de Georges Orwell : « La guerre c’est la paix. La liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force ». On ajoutera aujourd’hui grâce à vous – entre autres – : « le vote à la majorité, c’est le consensus ».

Préférer le processus du consensus au processus du vote à la majorité comme système de décision politique n’a rien à voir avec la science qui n’a normalement pas à se préoccuper de telles questions.

Donc vous affirmez qu’il y a « consensus scientifique » autour des questions du climat, mais scientifiquement qu’est-ce qui vous le permet ? Le qu’en-dira-t-on des médias de masse ? Les seuls rapports du GIEC, qui ont écartés les partisans d’autres hypothèses et qui font la négation de l’existence de la controverse5 ?

Pour enclencher une certaine politique industrielle, il y a consensus

Vous le constaterez comme moi : les banquiers d’affaires internationaux, les gestionnaires d’actifs mondialisés, les grands industriels et leurs aides de camp politiques du monde économique, sont effectivement dans un consensus : ils veulent nous faire transitionner du pétrole à l’électricité. On passerait d’un système où chacun possède sa petite voiture à l’essence – liberté et autonomie –, à une situation où quelques-uns auraient une voiture à l’électricité, seraient géolocalisés, tracés, surveillés et il y aurait des quotas de déplacement – contrôle et dépendance.

Pour accomplir cet agenda, les industriels ont besoin qu’on croit que celui-ci est « vital pour la planète ». Ils ont besoin d’une caution « scientifique », tout comme avant eux, l’industrie du tabac, l’industrie du plomb dans l’essence, des pesticides, l’industrie pharmaceutique, le complexe militaro-nucléaire, l’industrie de la téléphonie mobile ont eu recours à des publications scientifiques, des influenceurs, pour assurer les consommateurs-citoyens de leur bonnes intentions. Ces techniques sont désormais démasquées6. Ce serait idiot de ne pas profiter de l’expérience acquise à résister à la propagande des cartels industriels pour savoir quels sont nos intérêts réels, si l’on ne cherchait pas à voir aujourd’hui dans quelle mesure cette histoire de réchauffement anthropique ne serait pas quelque peu exagérée, n’ayant finalement pour objectif que de réaliser un changement profond de la vie des citoyens.

Appelez cela complotisme si vous voulez.

Le GIEC, ces politiciens…

En Anglais, cette organisation s’appelle l’IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change. Comme son nom l’indique, ce sont des représentants des gouvernements. Or, que font les gouvernements ? De la politique. C’est leur fonction principale.

En Français, IPCC a été traduit par GIEC qui signifie Groupe Inter-Gouvernemental d’Experts sur le Climat. Il n’y a qu’en France que le mot « Expert » est apparu. Ceci génère encore une confusion : un politicien gouvernemental peut-il être aussi un expert indépendant ? Certainement pas.

Les rapports du GIEC ont beau être peuplés d’écritures scientifiques, il n’en reste pas moins que ce sont les représentants des gouvernements qui écrivent la synthèse finale aux décideurs du reste du monde.

Je vous invite à lire Frederick Seitz qui durant toute sa carrière a joué la caution scientifique pour l’industrie du tabac mais qui n’a pas suivi les industriels de la transition sur ce coup-là :

« En tant que membre de la communauté scientifique américaine depuis plus de 60 ans, et notamment en tant que président de l’Académie nationale des sciences et de la Société américaine de physique, je n’ai jamais été témoin d’une corruption plus inquiétante du processus d’évaluation par les pairs que les événements qui ont abouti à ce rapport du GIEC »7.

Je vous invite à écouter Jacob Nordangård, un enseignant-chercheur finlandais qui a passé sa thèse sur l’histoire politique des bio-carburants dans l’Union Européenne et qui ensuite s’est posé la question de pourquoi la fondation Rockefeller – qui a fait sa fortune dans le pétrole – avait financé la création du GIEC dans les années 19808.

L’abus de l’obligation de pluralité des points de vue exprimés

Vous demandez à André Bercoff que pour chaque phrase prononcée par François Gervais, il soit interrompu dans l’interview par quelqu’un qui rabâcherait la litanie ressassée, matraquée, assénée, répétée, renouvelée, à l’infini partout dans les médias de masse : la faute au CO2.

Je ne suis pas très familier avec l’histoire du CSA et celle de l’ARCOM mais je constate que vous reprochez la même chose à Radio Courtoisie9 qui diffusait le 24 janvier 2024 une émission consacrée au produit injectable expérimental contre la covid10.

Certes je comprend vos motivations à inviter les journalistes à montrer au public plusieurs points de vue. Dans un monde idéal, il serait agréable que la parole circule à temps de parole égal.

Mais ce monde dans lequel nous vivons n’est pas idéal : dans la réalité, il y a une propagande de masse qui pèse 99,9 % du matraquage audiovisuel et numérique par les médias de masse subventionnés et ce jusque dans les livres scolaires : la faute au CO2.

Aussi, votre demande est totalement disproportionnée. Vous me faites penser à une agence de régulation chez les Soviets qui demanderait aux dissidents du régime de présenter plusieurs points de vue – surtout celui de Staline – à chaque fois qu’ils émettraient le leur.

Et quand le politicien Al Gore est venu en France accompagner le film alarmiste « Une vérité qui dérange », avez-vous demandé aux journalistes qui ont interviewé l’ancien vice-président des USA de donner la parole à François Gervais ou John Clauser11 à chaque phrase prononcée par Al Gore ? Oui ou non ?

Vos motivations

Je ne crois pas que vous ayez imaginé mettre en garde André Bercoff de votre propre chef. Vous êtes en service commandé et ça se lit au tout début de votre déclaration avec l’expression « L’Arcom a été alertée ». Je vous le demande : par qui avez-vous été « alertés » ?

Plutôt que de vous en prendre au journaliste, pourquoi n’allez-vous pas directement à la source : faites interdire les livres de François Gervais, mettez-le en prison, brûlez ses livres. Allez jusqu’au bout de votre raisonnement !

Ce serait utiliser des méthodes trop voyantes. Alors vous tentez le nudge12, l’influence, la menace. Vous réduisez la liberté d’expression, chose horrible… Mais en douceur, la main sur le bouton, sans à-coup, pour ne pas qu’apparaisse la bête stalino-goebelsienne qui sommeille dans ces institutions.

Votre avenir, notre avenir

Tout comme le reste de la société, vous êtes menacés d’être remplacés par des algorithmes. Plus vous vous comporterez comme eux, c’est-à-dire de manière stupide – j’ai travaillé dans le génie logiciel, je peux vous dire qu’il n’y a rien de plus stupide qu’un algorithme, appelez-les IA si ça vous chante mais ça reste des algorithmes – plus vous vous comporterez comme eux, et plus il sera naturel que vous soyez remplacés par eux.

Vous ne désirez plus que ce que les machines peuvent donner ? Soyez binaire, sans nuances, toujours prévisible, d’humeur neutre, froid et métallique. Sans nul doute, vous aboutirez à ce qu’une Intelligence Amorphe, une Stupidité Algorithmique, vous remplace dans votre métier/rôle.

Si au contraire, vous commencez à aimer la diversité des opinions, la diversité des êtres vivants complexes, si vous acceptez la condition humaine, ou si vous ressentez une quelconque unité dans la nature, un dieu une harmonie n’importe quoi qui fasse le lien entre tout et qui soit inaccessible à la maîtrise par l’humain, alors vous êtes destiné au siège éjectable, comme le héros de « Fahrenheit 451 » qui fuit la ville après avoir été pompier-pyromane brûlant les livres chez les gens.

Quoi qu’il arrive, être remplacé par un algorithme ou être obligé de fuir la ville, nous – êtres humains – n’avons pas d’avenir dans ce monde-machine, et c’est pour cela que Théodore Kaczynski a fini par conclure qu’il n’y avait pas d’autre choix que de détruire la société industrielle avant qu’elle ne nous détruise13.

Qu’est-ce que je demande ?

Il n’y a aucune proportionnalité quantifiable entre la chose factuellement horrible de faire taire François Gervais – ou de l’interrompre en permanence avec les choses déjà ressassées dans les médias de masse – et la chose potentiellement horrible ne pas pouvoir s’adapter à une élévation de la température terrestre. Aussi, je vous demande de présenter vos excuses explicitement à André Bercoff et de le laisser inviter les voix qu’il veut donner à entendre, comme il a envie de les faire entendre.

À propos d’adaptation : je vous rappelle qu’on a trouvé des vestiges de villages bien peuplés à 2500 mètres d’altitude dans les Pyrénées datant de la période inter-glaciaire : il faisait suffisamment chaud dans la plaine de la Garonne pour que les humains aillent vivre dans ces hauteurs14.

Que le discours alarmiste des réchauffistes vous fasse peur, c’est probable, c’est quelque chose de bien urbain, mais ce n’est pas une raison valable pour enclencher une chasse aux sorcières arbitraire.

Parce qu’après avoir étudié les déclarations des uns et des autres, je me suis rallié à cette constatation : le seul argument des partisans de la faute au CO2, ce sont leurs simulations numériques. Ils prétendent modéliser le climat suffisamment précisément pour dire qu’une élévation catastrophique de la température se prépare à cause de l’effet de serre du CO2.

Ils s’imaginent que parce que c’est dans un ordinateur, alors c’est scientifiquement démontré. Mais ne serait-ce que cela : ces modèles numériques n’intègrent pas de la vapeur d’eau, qui est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2. Ces modèles numériques n’ont donc pas fait leur preuve par l’expérience. Ils ne peuvent pas servir aujourd’hui de prétexte scientifique absolu à une politique totalitaire de « transition » entièrement basée sur le comptage et la réduction du CO2.

Enfin, au cas où vous auriez manqué l’information : la politique industrielle dite « de transition » est elle-même la cause et le moteur d’une ruée minière sur les métaux, provoquant des dégâts sociaux et environnementaux sans commune mesure avec tout ce qu’on a déjà connu15.

Je vous demande de me faire savoir quelle suite vous entendez donner à cette affaire qui à mes yeux est bien plus prégnante sur nos vies sociales que la chaleur de l’été sur nos vies physiques.

Je vous prie d’agréer mes salutations respectueuses.

1https://www.arcom.fr/se-documenter/espace-juridique/decisions/emission-bercoff-dans-tous-ses-etats-diffusee-le-7-decembre-2023-sud-radio-et-sud-radio-mises-en-garde

2Émission du 7 décembre 2023 : https://www.youtube.com/watch?v=7qgt8S2_Q0E

3comme en Physique, il y a une controverse sur l’origine du système solaire.

4Bertrand Méheust « La politique de l’oxymore » Éditions La Découverte 2014

5J’ai écrit une introduction à cette controverse avec la brochure « Gieco-sceptique » juillet 2023 https://p-plum.fr/?p=432

6Matthieu Amiech « L’industrie du complotisme » La Lenteur 2023

7Voir sa lettre au Wall Street Journal parue le 12 juin 1996 https://www.wsj.com/articles/SB834512411338954000 . Il parle du premier rapport du GIEC où la phrase « Aucune étude à ce jour n’a à la fois détecté un changement climatique significatif et attribué positivement tout ou partie de ce changement à des causes anthropogéniques » acceptée par 36 auteurs en juillet 1995 fut remplacée dans la version finale le 30 novembre 1995 par « L’équilibre des preuves suggère une influence humaine discernable sur le climat mondial » après tractations avec les décideurs gouvernementaux.

8Conférence du 19.02.2020 à Turku https://www.youtube.com/watch?v=fvm4HjlJGCY

9https://www.arcom.fr/se-documenter/espace-juridique/decisions/emission-ligne-droite-diffusee-le-24-janvier-2024-intervention-aupres-de-radio-courtoisie

10Je n’ai jamais pu appeler ce produit pharmaceutique un vaccin, et récemment : «  Un tribunal américain admet que le vaccin COVID-19 n’est pas un vaccin » 14 juin 2024 https://bit.ly/4eWUuZA

11John Clauser, physicien, prix Nobel de physique 2022 qui a déclaré en 2023 : « Le narratif commun sur le changement climatique, constitue une dangereuse corruption de la science qui menace l’économie mondiale et le bien-être de milliards de personnes. Une science climatique mal orientée s’est métastasée en une pseudoscience journalistique massive. À son tour, celle-ci s’est faite bouc émissaire de quantité de maux qui n’ont aucun rapport. »

12Nudge : en anglais littéralement « coup de coude », est employé par les influenceurs des médias de masse pour inviter les citoyens à se comporter de telle ou telle façon sans leur en donner l’ordre.

13Théodore Kaczynski « La société industrielle et son avenir » L’encyclopédie des nuisances 1998 – je précise que je ne cautionne pas les actions meurtrière du personnage en faisant référence à ses écrits.

14Isaure Gratacos « Femmes pyrénéennes – un statut social exceptionnel en Europe » Privat 1998

15Célia Izoard « La ruée minière au XXIè siècle » Seuil 2024

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