Accueil > Environnement > Polluants > Institutionnalisation des ONG > Le "CANT" devenu la "FIANT"

Le "CANT" devenu la "FIANT"

lundi 2 avril 2012, par Puissance Plume

PNG - 32.9 ko


Le "CANT" devenu la "FIANT"
2 avril 2012

Peut-on imaginer pire scénario pour le Collectif Anti-Nucléaire Toulousain ? Celui de devenir la FIANT, Formation Institutionnelle Anti-Nucléaire, navigant dans le même sens que le pouvoir central, oeuvrant à la récupération des mouvements sociaux par les services de l’Etat ?

Avec l’arrivée de militants plus intéressés par « mettre de l’ordre chez les antinucléaires » que par collectiviser la réflexion, le CANT est maintenant bien à l’image de nos institutions actuelles : autoritaires et répressives, plus que jamais anti-démocratiques.

Depuis toujours, l’Etat est friand des mouvements sociaux générateurs d’idées : s’il peut les récupérer, même les plus petits, il le fait car cela le régénère. Mais ce sont les plus grandes structures qu’il est facile de faire grossir, d’infiltrer puis d’institutionnaliser. Après, la manipulation à grande échelle est bien plus simple. C’est ce qui s’est passé avec « réseau Sortir du Nucléaire ».

J’ai déjà expliqué en quoi consiste l’institutionnalisation de « Sortir du Nucléaire » : le couple CA/Salariés joue le même rôle dans l’association « loi 1901 » que le couple élus/administrations dans la République : organiser l’impuissance politique du peuple, le déposséder de la force des voix individuelles par la représentation qu’on qualifie arbitrairement de « démocratique » pour désigner l’exact contraire de la démocratie.

Mais l’institutionnalisation consiste surtout en la participation aux mascarades des élections. Au lieu de continuer à dénoncer le fait que nous ne sommes pas en démocratie, « sortir du nucléaire » voue une fidélité sans borne au dogme du processus électoral en jamais ne le remettant en cause : il appelle ses donateurs à donner parce qu’il interpelle les candidats sur le thème du nucléaire.

« Sortir du Nucléaire » manie le discours creux comme les politiciens, validant la démarche : avec ce type de discours, plusieurs interprétations contradictoires sont possibles. « sortir du nucléaire » peut signifier poursuivre le nucléaire pendant vingt ans encore (negawatt) mais aussi fermer les réacteurs en dix ans (NPA). S’il existe un scénario rapide et que les centrales sont dangereuses, pourquoi attendre plus longtemps ? Peu importe pour eux : avec le discours creux, chacun le remplit avec ses propres idées, ce qui génère un sentiment de satisfaction chez l’électeur naïf et confiant, tout en n’engageant pas le politicien puisque le discours peut être interprété de plusieurs manières contradictoires.

Une fois cette participation à l’illusion démocratique acquise, il reste pour l’Etat à chercher à cantoner l’ONG dans un camp politicien bien particulier. C’est ainsi que « Sortir du Nucléaire » est totalement aux ordres d’Europe Ecologie Les Verts. C’est par exemple après avoir fait connaître que cette formation politique a voté pour un texte pronucléaire au Parlement Européen en novembre 2009 qu’a démarré la chasse aux sorcières dans l’organisation, avec la procédure de licenciement de Stéphane Lhomme, le 2 décembre 2009. Comme cette procédure n’a pas marché du premier coup (vote du 3 janvier 2010 du CA contre le licenciement) puisque le porte-parole du réseau n’avait pas à se reprocher suffisamment au point de le virer pour faute grave, un putch a été fomenté et exécuté le 6 février 2010 à l’Assemblée Générale de Lyon. Il a réussi.

Ce putch a abouti à l’éviction du CA des sept membres qui étaient opposés au licenciement de Stéphane Lhomme sur la base du dossier qui leur était soumis. Le sort du porte-parole a été scellé deux mois après le putch : licenciement pour « faute grave ».

La gravité de ces faits est d’autant plus difficile à admettre pour « celui qui fait confiance » que les organisateurs s’auto-qualifient d’« antinucléaires » de longue date. C’est ainsi que Daniel Roussée, chef d’orchestre de l’institutionnalisation et de l’éviction brutale et inhumaine de Stéphane Lhomme, marque dans son CV « militant antinucléaire depuis 40 ans ». De même pour Marc Saint-Aroman, le censeur des listes de discussion de SDN : tout le monde les connaît, il n’y a aucun doute, ils sont « antinucléaires ». Cela ne peut pas être remis en cause.

Daniel Roussée a été soutenu par le CA des Amis de la Terre Midi-Pyrénées, au printemps 2010, qui lui a renouvelé sa « confiance » pour les représenter au CA de « Sortir du Nucléaire ». Dans cette organisation locale implantée dans le Sud-Ouest, certains au CA rejettent le terme de putch par le simple fait que j’ai pu me présenter aux élections au CA de SDN le 6 février 2010... après le putch ! Ceci perpétue le dogme qui nous est inculqué depuis la plus tendre enfance : démocratie = élection, et élection = démocratie.

Depuis cette négation du putch, le mensonge tient bon : tout le monde fait semblant. Roussée est reconduit chaque année au CA de SDN par le CA des ATMP, sans débat contradictoire. De toutes façons, la plupart des gens ont jeté l’éponge, il n’y a guère que moi qui ose affronter le mensonge frontalement, quand j’ai le temps et l’énergie. Chez les « anars », on a compris depuis longtemps : ils organisent leurs propres mouvements anitnucléaires et se méfient de l’ONG « Sortir du Nucléaire » qui est quand même un tiroir-caisse intéressant. Toutes les avant-gardes sociales ont d’ailleurs bien compris que cette ONG est comme les autres, FNE, WWF, Greenpeace, elles ne font que soutenir le pouvoir central en institutionnalisant un « contre-pouvoir ». Le directeur Philippe Brousse n’a d’ailleurs jamais caché que Greenpeace était le modèle sur lequel il fallait prendre exemple.

Agissant à la frontière entre les avant-gardes sociales, dont l’essence même est de résister à l’institutionnalisation, et les organisations politiques complètement abruties par le dogme de l’élection (l’abrutissement est à prendre comme le contraire de l’émancipation, voir Jacques Rancière « Le maître ignorant »), je veux faire comprendre à ceux qui « font confiance » à Daniel Roussée et Marc Saint-Aroman que ces deux agissent dans la direction de l’Etat pronucléaire : ils soutiennent le système plus qu’ils ne le déstabilisent en validant les deux principes fondamentaux : élection = démocratie et gouvernance = couple CA/salariés. Bakounine disait : « Comment voudrait-on qu’une société égalitaire et libre sortît d’une organisation autoritaire ? »...

La structure « Réseau Sortir du Nucléaire » nous éloignent chaque jour davantage d’une fermeture de réacteur nucléaire POUR RAISON SANITAIRE, qui est pourtant la seule raison d’être des antinucléaires. Parce que le RSN prend le modèle de l’ONG au discours creux, flou et mou : pour « rassembler », il faudrait intégrer tous les discours et les « représenter » tous en même temps, même ceux qui ne sont pas antinucléaires (negawatt). C’est exactement ce que veut le pouvoir central : surtout ne jamais focaliser sur les raisons sanitaires.

Le réseau SDN se vide petit à petit de sa substance fédératrice et émancipatrice au fur et à mesure que la logique d’institutionnalisation gagne l’organe gouvernant. Il n’y a évidemment pas 900 associations fédérées ! Ils étaient moins de 80 à l’AG 2012. Par contre la catastrophe Fukushima est une véritable aubaine financière pour les salariés qui se sont renforcés encore.

Aussi, les artisans de cette institutionnalisation, les faiseurs de putch ne méritent pas la confiance des antinucléaires : ce sont des menteurs. Il faut regénérer. Amitiés.

1 Message

  • Plus un rond pour les ONG ! Le 15 avril 2012 à 19:20, par Roger NYMO

    Nous ne devons plus avoir aucun rapport avec les personnes qui continuent de collaborer avec l’entreprise Lyonnaise qui procrastine l’arrêt du nucléaire !

    Au niveau sanitaire voici une information a relayer massivement avant le premier tour de la prochaine déchéance électorale présidentielle :

    http://sanurezo.org/spip.php?article70

    Voici un merveilleux petit livre car il ne tergiverse pas avec le réel et ne procrastine pas l’arrêt du nucléaire :

    http://sanurezo.org/spip.php?article69

    Amitié Solidaire & AntiNUcléaire.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0