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Encore un attentat "malheureusement non déjoué" ; si état d’urgence il doit y avoir, alors qu’il s’applique aux affaires !

lundi 16 novembre 2015, par Puissance Plume

Il y a presqu’un an, j’écrivais l’article Après l’attentat contre Charlie Hebdo, résistons à l’instauration de la terreur d’état !. J’avais eu des retours positifs mais aussi négatifs : des gens horrifiés que je puisse à ce point être éloigné de l’émotion unitaire nationale. Ces jours-ci, j’ai appris que s’était produite une autre tuerie à Paris, et encore une fois, le gouvernement étend la guerre à tout le monde et partout. Je voudrais enfoncer le clou ici : non, ceci n’est pas ma guerre ! Si Vigipirate il doit y avoir, alors qu’il s’applique aux délinquants financiers : perquisitions administratives chez les riches !


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Une émotion qui nous emporte parce qu’on flotte aux vents

Ces derniers jours, dans mon entourage, nous avons appris 24h après, qu’il y avait eu des tueries, et nous avons vaqué à nos occupations. On s’est dit quand même : "si quelqu’un de proche avait compté parmi les victimes, ça nous aurait bouleversé bien sûr". Mais ça n’a pas été le cas. Quoi de plus normal de vaquer à ses occupation alors ?

Mais on observe des gens qui sont totalement emportés par les émotions, exactement comme si un de leurs proches avait été victime. Ils éprouvent le besoin de se rassembler, d’allumer des bougies par terre dans la rue. Ceci est le signe qu’ils flottent dans cette société du capitalisme industriel dans lequel l’état pioche sa commission.

Historiquement, ça n’a pas l’air d’avoir de rapport - mais pourtant si ! - les boulot d’artisans et petits commerçants locaux ont été éliminés, les travailleurs ont été déplacés vers des usines construites à la place des forêts, puis ces industries ont été délocalisées. Toujours le même processus. Alors tous ces gens se retrouvent au RSA ou à faire des "bullshit jobs" (boulot de merde, sans aucun lien social).

Alors avec la société industrielle, on a plus de libertés : on est pas obligé d’acheter nos chaussures au cordonnier du village (qui est un malotru sentant mauvais), on peut choisir sur internet parmi tous les modèles de chaussures fabriquées en Chine. Mais cette liberté, elle est spéciale, et on la paye très cher collectivement.

Nous ne sommes plus reliés les uns avec les autres, par ces liens très forts, qui font qu’on se rend des services comme fabriquer et réparer des chaussures. Et on flotte dans les airs. Seuls. À la moindre bourrasque, à la moindre émotion venue d’ailleurs, fabriquée et propagée par les médias de masse, on est emportés. C’est ce qui se passe avec ces gens qui sont profondément affectés par le traitement médiatique des attentats du Bataclan.

Au contraire, nous, les attentats, c’est pas qu’on en a rien à faire. C’est pas que nous sommes indifférents. Mais personne de notre entourage est touché. Nous éprouvons de la peine naturelle, mais sans plus. Nous n’éprouvons aucun besoin d’unité nationale. Et alors encore moins nous n’éprouvons le besoin de nous sentir en guerre contre des terroristes ! Des tueries dans la bande de Gaza, en Syrie, en Turquie, partout dans le monde, tout le temps, avec toutes les armes possibles, dont celles vendues par la France, produites à Toulouse : devrions-nous passer notre temps à allumer des bougies pour tout le monde sans rien chercher à déterminer des responsabilités de cette folie humaine ?

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Une tradition de fabrication de l’ennemi média-étatique

G.W. Bush, devant le Congrès américain peu après les attentats du 11 septembre 2001 : « Des ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays. [1] ». J’ai constaté comme beaucoup d’autres que les trois tours du World Trade Center sont en réalité tombées par le fait de démolitions contrôlées [2]. L’enquête officielle a été baclée, pour obtenir un traitement médiatique à sens unique, avec un responsable unique, qui amène à la conclusion qu’il fallait soit-disant aller faire la guerre en Irak. C’est ce qu’il s’est passé.

De même, lorsque j’ai étudié l’histoire de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy survenu en 1963, j’ai constaté idem que l’enquête officielle avait été baclée pour obtenir un traitement médiatique à sens unique, avec un responsable unique (soit-disant un tueur unique, Lee Harvey Oswald), et une conclusion unique : il fallait continuer d’aller faire la guerre, au vietnam contre les "communistes". Le président JFK par contre avait établi un plan de retrait des troupes yankee du Vietnam [3].

Souvenez-vous aussi que Mohamed Merah, le tueur présumé de trois enfants et un adulte à Toulouse en 2012, a potentiellement été victime de manipulation par les services de renseignements français. "Pourquoi vous me tuez ? Vous savez que je suis innocent" dit-il aux militaires [4]. Derrière cette furie, il y a eu renforcement des dispositifs militaires de renseignement et de surveillance de la population dans son ensemble.

Souvenez-vous enfin des attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, non pas les événements en eux-mêmes, mais à qui ils profitent : les services de renseignements obtiennent une loi qui institutionnalise la surveillance globale de tout le monde, et les crédits militaires qui vont avec.

Que se passe-t-il aujourd’hui, sachant ces histoires ?

F. Hollande, ce 14 novembre a déclaré :

« Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis près du Stade de France, est un acte de guerre, et face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech, une armée de terroristes, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde, contre ce que nous sommes, un pays libre qui parle à l’ensemble de la planète [5] ».

14 novembre 20h : discours de Manuel Valls sur TF1 :

" Nous répondrons au même niveau que cette attaque avec une très grande détermination, avec la volonté de détruire et nous gagnerons cette guerre", et "Nous devons anéantir les ennemis de la République, expulser tous ces imams radicalisés, comme nous le faisons, déchoir de la nationalité ceux qui bafouent ce qu’est l’âme française et nous le faisons également... Il n’y aura pas un moment de répit pour tous ceux qui s’attaquent aux valeurs de la République."

15 novembre 19h34 : Les chasseurs français ont largué ce dimanche 20 bombes sur le fief de l’organisation Etat islamique à Raqa, dans l’est de la Syrie. « Il y a un général trois étoiles français qui est stationné au Centcom (le commandement des forces américaines au Moyen-Orient, qui dirige les frappes aériennes en Irak et en Syrie) afin de faciliter cette coordination. Donc nous allons travailler avec les Français pour frapper le groupe Etat islamique en réponse aux attentats », a précisé Ben Rhodes conseiller adjoint du président américain à la sécurité nationale sur la chaîne ABC.

De l’émission du "téléphone sonne" sur France Inter le 15 novembre, j’ai retenu deux choses :
- l’animateur de l’émission a empêché Marguerite de dire que la France est le deuxième pays exportateur d’armes dans le monde. Elle a posé la question "où sont produites les armes ?" en espérant pouvoir y répondre elle-même, mais l’animateur lui a coupé le micro "allez au revoir et merci Marguerite !". Pauvre Marguerite, la prochaine fois, elle ne lambinera pas pour dire ce qu’elle a à dire au micro de ces gens ! [6].
- un ancien officier des renseignements a soutenu la thèse que malgré les efforts déployés, ces terroristes-là étaient passés entre les mailles du filet. Une autre personne a dit que les services de renseignements n’avaient plus les moyens d’infiltrer les cellules de "terroristes", que c’était très compliqué, entretenant le côté mystérieux et nébuleux des terroristes.

15 novembre 20h52 : Invité du 20H de TF1, le président des Républicains et ancien chef de l’État, Nicolas Sarkozy, a déclaré :

"Il faut renforcer de façon drastique notre politique de sécurité intérieure : il y a 11.500 personnes qui sont ’fichées S’. Or tous ceux qui sont à l’origine des attentats récents l’étaient, je dis bien tous. Je propose que nous réfléchissions à mettre ces personnes en résidence surveillée, assignées à résidence, avec bracelet électronique pour que la police sache où ils sont, ce qu’ils font, et qu’ils puissent évaluer la dangerosité de ces personnes".

Alors d’un côté, on a pas les moyens de les surveiller. Et de l’autre, on les connaît tous, il faut les interner...

16 novembre : 23 interpellations, 104 assignations à résidence, 168 perquisitions administratives. Normalement, les perquisitions sont menées sur commission rogatoire d’un juge dans une affaire donnée. Là, grâce à l’état d’urgence, les soldats de la RALF se sont autorisés à pénétrer chez des gens qui leur paraissaient louches. À leur bon vouloir. Et bien sûr, la Police de demander à ce qu’on légifère pour lui laisser cette possibilité de perquisitionner à l’arbitraire tout le temps, même sans état d’urgence.

Pour moi, il existe un doute. Comme pour Pearl Harbor le 7 décembre 1941 (les généraux savaient que les Japonais allaient attaquer), comme à New-York en 2001 (la démolition contrôlée des tours ne peut avoir été préparée qu’avec la connaissance de la préparation des détournements d’avion), il existe cette hypothèse qu’ils savaient, mais qu’ils ont laissé faire pour pouvoir installer la terreur d’état, comme les généraux ont laissé Franco s’installer en Espagne, Hitler en Pologne, et Pétain en France.

Les lois sur le renseignement après Charlie-Hebdo, l’état d’urgence après le 13 novembre 2015, sont là pour faire oublier que l’état protège les intérêts du complexe militaro-industriel, il n’y a que cela qui compte pour les fabricants d’armes et d’images médiatiques. Il ne doit y avoir aucun doute sur le fait que si on laisse faire l’état, rien ne changera jamais puisque l’état se nourrit de ses ennemis, il les fabrique et les entretiens pour continuer d’exister [7].


Déconstruire la Révolution Française

Le 16 mai 1940, les généraux ont préféré la collaboration avec l’ennemi plutôt que la guerre civile, plutôt que la révolte à Paris contre cet État insupportable, qui étrangle le peuple français, n’est même pas capable d’assurer la sécurité face à Hitler, colonise l’Afrique, massacre ses habitants, manipule partout dans le monde, laisse s’empoisonner des millions de gens lors des passages de nuages radioactifs, fabrique et vend des armes dans des quantités monstrueuses, fait péter des bombes nucléaires, se rallie aux états qui font la guerre aussi pour fabriquer et dépenser des armes. Ses généraux rêvent de gloire avec Napoléon. Ils jouent des flonflons pour galvaniser leur croisades sanguinaires, au nom de la la RALF : République Atomique Laïque Française.

Que nous a apporté la Révolution Française ?
Je veux dire : à nous le peuple des innocents rêveurs ?

Napoléon s’est servi de "La France", ce concept porté aux nues à cause de la prise de la bastille et un texte théorique sur "les droits de l’homme", pour lever des armées. La Révolution Française a créé le patriotisme, qui est la chose nécessaire pour enrôler des abrutis qui vont tirer des cartouches et se faire éparpiller tandis que leurs femmes font tourner les usines.

Il n’y a qu’un seul vainqueur à la guerre : les marchands d’armes.

Alors autant le dire clairement : ceci n’est pas ma guerre !
J’espère que ce ne sera pas la vôtre non plus !

Je ne veux pas être contrôlé, fiché, empêché, enfermé parce que des fanatiques ont tiré sur la foule.

La police et la gendarmerie aussi tirent sur la foule : un jeune homme de 21 ans, Rémi Fraisse, a été tué le 26 octobre 2014 dans le Tarn, en manifestant contre le projet de barrage de Sivens. Pour lui, il n’y a pas eu d’unité nationale et les policiers ont dit merci à la tuerie de Charlie Hebdo de leur redonner de la sympathie médiatique.

Pour les résistants, y aura-t-il un jour une unité nationale ? Je crois que les résistants, justement, ils s’en foutent des médailles...

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Notes

[1Voir la vidéo de cette déclaration archives de l’INA.

[3Voir le film d’Oliver Stone JFK.

[5Voir la vidéo de cette intervention sur dailymotion.

[7Voir la description de l’état nazi par Boris Khazanov dans "L’heure du roi", Editions Vivane Hamy ; première publication 1977, notamment un passage que j’ai recopié dans l’article L’avenir c’est la forêt.

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