L’éducation à la sexualité pour réduire les agressions sur enfants ?

Version imprimable

Voilà ci-dessous, matière à réflexion sur le controversé programme d’éducation sexuelle à l’école que l’Éducation Nationale veut mettre en place à la rentrée 2025.

———- Anecdote et témoignages

J’ai un bon copain professeur de Français en collège. En 2024, un militant lui a pris une heure de cours pour dérouler un cours d’éducation sexuelle dans sa classe. Il s’est retrouvé assis au fond à écouter. Il a été choqué par ce qu’il a entendu ! CHOQUÉ par le degré d’intrusion dans le psyché des enfants.

Bon nombre de témoignages ainsi arrivent à nos oreilles.
Voir le rapport de l’association SOS Éducation, qui recueille des témoignages :
https://soseducation.org/docs/notes-etudes-entretiens-tribunes/education-a-la-sexualite-ecole-danger-ou-prevention.pdf

——– Actualité

L’actualité est brûlante puisque le contenu du programme d’éducation sexuelle à l’école devrait être discuté à la mi-décembre à Paris, dixit la ministre, Mme Genetet le 28.11.2024. https://x.com/BFMTV/status/1862090571235402074

———— Interview de Sophie Audugé, de SOS Education

Sophie Audugé de SOS Éducation le 27 novembre 2024 (Vidéo de 18 minutes) :
https://soseducation.org/intervention-cnews-nouveaux-programmes-evars#video

Je résume ce qui me semble important de cette interview.
SOS Éducation souhaite qu’en préambule du programme d’éducation à la sexualité, il y ait ces affirmations (je cite) :

« il n’existe que deux sexes »
– « il n’y a pas de sexualité infantile »
– « tenir un langage de sexe ou de sexualité à un enfant prépubère est un risque grave de traumatisme psychique »
– « à ce titre, tous les mots qui relèvent de la sexualité et du sexe, et de la sexualité adulte sont interdits dans l’espace de l’école »

Sophie Audugé ajoute :

« On a pas besoin d’utiliser le langage du sexe pour protéger les enfants et participer au niveau de la prévention contre les abus sexuels » : on a besoin de ce langage : « ton corps est à toi, personne n’a le droit de le toucher« .

« Quand on lui parle consentement, il [l’enfant] ne peut pas le comprendre, c’est inaccessible à son développement« .

On peut cependant utiliser le mot « consentement » à propos de n’importe quelle partie du corps (ne touche pas s’il n’est pas d’accord) sans jamais parler de sexe ni de sexualité.

« On ne devance jamais le questionnement des enfants, parce qu’on va produire un traumatisme« .

La politologue Céline PINA :

« Rien ne terrorise autant l’Éducation Nationale, les politiques et les hauts fonctionnaires que d’être renvoyés à l’extrême droite« .

Sophie Audugé :

« On financerait des structures militantes qui interviendraient dans les programmes, à la place de qui ?« 

Mais effectivement : depuis quand ce sont des structures militantes qui enseignent la normalité dans le tronc commun de l’enseignement national ?

« Nous demandons de revenir sur la clinique de l’enfant. Ce ne sont pas des enjeux idéologiques, des enjeux politiques, les agendas de certains qui doivent diriger les décisions des programmes scolaires« .

——— Une certaine inertie à protéger les enfants des abus sexuels

En exprimant aux jeunes enfants la possibilité que les adultes de leur entourage puissent les abuser sexuellement, il y a un bénéfice espéré vers une transition où ces abus diminueraient en nombre et en vigueur. Si on en parle partout, que même les jeunes enfants en parlent, les comportements incestueux seraient alors pris dans un filet : où qu’ils aillent ils seraient sans cesse rappelés à l’ordre. On pourrait espérer que des victimes, plutôt que de s’enfoncer dans le mutisme le plus total, qui auraient bénéficié préalablement de discours de prévention, puissent avoir l’assise de parler et de faire sauter la chape de plomb.

Je comprend très bien ce point de vue. Mais parfois, le mieux est l’ennemi du bien.

Pour les enfants qui ne sont pas abusés sexuellement, qui se construisent « normalement » (4 sur 5 donc), il y a une réelle conséquence de provoquer un traumatisme psychique en leur évoquant la possibilité d’être abusé sexuellement, comme signalent les pédiatres cités par Sophie Audugé (voir plus loin Lacan, nous et le réel).

C’est donc un sujet complexe car je peux comprendre les deux points de vue.

Il me semble que le contexte dans lequel évoluent les adultes et les enfants est extrêmement important. Or, nous sommes dans une société qui protège les réseaux pédocriminels : la Justice ne fait pas son travail parce qu’elle est noyautée, la Police également. Et quand on écoute les révélations des survivantes des réseaux pédocriminels, on se dit qu’on touche l’abcès central de notre époque pourrie. Pour qui veut s’informer de l’existence de viols et de sacrifices d’enfants, ritualisés, par des gens connus et haut-placés, il y a de quoi étudier, lire, tomber des nues. Et les découvertes s’accélèrent, puisqu’aux USA, l’affaire « Diddy » ne fait que commencer avec plus de cent personnes qui ont déposé une plainte. Voir à ce sujet ma page dédiée à la pédocriminalité : https://p-plum.fr/?page_id=847

Il me semble que si l’éducation nationale visait plus particulièrement les parents en les informant systématiquement et régulièrement de cette situation extrêmement problématique des réseaux pédocriminels, le contexte en serait nettement plus favorable à une diminution des comportements incestueux, sans pour autant blesser le développement de la psyché des enfants par des interventions largement exagérées.

Seulement voilà : peut-on raisonnablement attendre du Ministère de l’Éducation Nationale de faire ce que le Ministère de la Justice ne fait pas ? Aussi, je pense que c’est notre devoir à tous de relayer les informations sur les réseaux pédocriminels, de manière à ce que l’étau se resserre sur eux.

——— La Ministre se défend de vouloir introduire la théorie du genre à l’école, quelques réflexions

La Ministre de l’éducation nationale, Mme Genetet, trouve que le programme est « équilibré » et que dans ce programme, « la théorie du genre n’existe pas« .
https://x.com/BFMTV/status/1862090571235402074

D’accord mais le ministère Santé Publique France propose déjà d’expliquer ce que c’est : https://www.onsexprime.fr/les-genres-et-les-orientations. Peut-être faudrait-il que le Ministère de l’Éducation aille prendre des cours au Ministère de la Santé ?

Entendons-nous bien : il n’est pas dans mon idée de faire un examen des mœurs. Les gens font bien ce qu’ils veulent avec leur corps et qui va les empêcher ?

Plutôt que d’être rejetées, les personnes qui se trouvent mieux quand elles sont travesties dans un autre genre doivent pouvoir s’épanouir normalement, aussi le combat des associations militantes est justifié. Mais attention : le mieux est parfois l’ennemi du bien.

Plusieurs dangers pour moi, plusieurs peurs, naissent dans le fait de normaliser la possibilité de choisir son genre :

  • le danger de faire oublier la normalité biologique de l’espèce au profit d’une normalité culturelle imposée par la société. Notre espèce s’est construite grâce la reproduction sexuée. Grâce à la binarité, nous avons dépassé le stade fougère. Ce qui a fabriqué les êtes vivants complexes, c’est la myriade de possibilités offertes par le croisement des gènes. C’est un trésor dont les enfants doivent continuer d’avoir conscience.
  • Le danger du transhumanisme, du corps technologique. Car le travesti, après avoir utilisé différents artifices accessibles, pour se doter d’un genre qui va contre le sexe de naissance se tournera vers le monde machine et le capitalisme financier qui le précède ; c’est pas surprenant de voir les milliardaires comme Georges Soros militer vers cela. Poussés dans le gigantesque marché de la reproduction artificielle de l’humain, ils se rendront compte alors un peu tard qu’avoir des enfants ne pourra se réaliser qu’avec le monde machine des capitalistes mondialisés.

Les enfants, en recevant le discours de la possibilité de changer de genre, recevront-ils toujours le discours des bienfaits de la reproduction sexuée ? Seront-ils également sensibilisés au fait que pour changer de genre, il faut utiliser des technologies du grand capital et que les milliardaires les attendent avec le marché de la reproduction artificielle de l’humain ?

Les militants LGBT et trans ne sont pas omniscients. Ce pourquoi en l’état, pour moi, c’est trop tôt pour laisser les associations militantes LGBT et transgenre agir comme s’ils étaient des professeurs dans le temps scolaire. Ce n’est que mon avis.

——— Lacan, nous et le réel #72, Sexuation, enfance des pulsions

Pour abonder dans ce sens, sur le fait qu’il est inacceptable que l’éducation nationale se permette de parler de sexualité à un enfant prépubère, je vous propose également de voir l’analyse d’un autre psychiatre qui met en garde contre l’utilisation de Freud pour justifier cela.
Lacan, nous et le réel #72, Sexuation, enfance des pulsions (vidéo 1h12).
https://www.youtube.com/watch?v=HaHo38lyUHY

« Au cœur d’une époque où l’inversion généralisée des valeurs est devenue la seule valeur il n’est désormais pas rare du tout que la psychanalyse soit considérée par l’illettrisme dominant comme une théorie justifiant la sexualisation des enfants et cautionnant l’inceste. Or, la psychanalyse nous a appris que la sexualisation des enfants ralentissait, voire empêchait leur sexuation, ce qui est à la source d’une infinité de symptômes, se déclinant selon l’histoire de chacun, et d’impasses existentielles qui piègent la subjectivité. C’est peu dire que cette nouvelle séance de LACAN, NOUS & LE RÉEL témoigne une fois encore de toute l’actualité et de la pertinence de la psychanalyse à notre époque dégénérée quant à sa relation au langage. Le retour à la lettre freudienne y est aussi méticuleux que magistral et donne de l’R à qui peut encore respirer. »

Rudy Goubet Bodart – Séminaire de Christian Dubuis Santini

Extraits :

1h02 : « … à partir d’une possibilité pour l’enfant de se construire correctement, il s’agit de ne pas gâcher ça en les sexualisant. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, d’envoyer des drag queen dans les écoles, c’est monstrueux, ça crée des brèches dans la psyché infantile, ça va ouvrir des prédispositions à la prostitution, à toutes les perversions; et ça va les empêcher d’accéder à une certaine éducation, une certaine discipline qui leur permettent d’accéder à la parole, parce que c’est intimement lié le sexe et la parole et l’accès à la parole, c’est impossible de les dissocier. »

1h07 : « Je reviens aussi sur la latence, là où vraiment c’est un crime de mettre les enfants dans une ambiance de sexualité pendant la période de latence. Déjà le reste du temps, c’est faire chuter dans la réalité quelque chose qui doit rester exclusivement au stade du fantasme mais pas au stade du fantasme où nous l’entendons nous en tant que fantasme sexuel qui va provoquer notre désir ou notre jouissance, mais au sens de l’enfant où ça doit rester quelque chose qui lui permet d’élaborer, comme il a élaboré ses théories infantiles (d’où viennent les enfants ?) il l’a fait dans le plus grand secret parce qu’il sait qu’il ne peut pas faire confiance aux adultes. Si les adultes trahissent cette confiance et séduisent des enfants, ou les sexualisent à des moments de latence, ça peut être terrible pour eux, parce que cette latence, disons entre 2 et 5 ans, et après Œdipe et puis avant la puberté, donc c’est quelque chose qui va les mettre dans une situation de ne plus pouvoir ensuite construire quelque chose de l’ordre d’un sujet qui s’épanouit. »

1h08 : « Si Freud insiste sur la dé-liaison fondamentale entre pulsion et objet, ce qui met l’enfant dans la disposition (mal interprétée) d’avoir été dite par lui polymorphiquement perverse, à savoir a priori  non fixé sur une jouissance spécifique, il ne manque pas de signaler qu’une séduction précoce et le non respect de la période de latence chez l’enfant peut provoquer des brèches dans sa construction psychique, jusqu’à l’endommager gravement, rendre l’enfant inéducable, susceptible de développer des troubles sévères de la personnalité pouvant pouvant aller jusqu’aux aptitudes à la prostitution et à toutes les perversités répertoriées par les adultes dont ils sera devenu l’objet. Ce que Freud dénomme polymorphiquement pervers est le contraire absolu de la perversion telle qu’elle se donne dans le langage courant, où l’acception « pervers » désigne un comportement invasif envers un objet sexuel pouvant aller jusqu’à l’extrême brutalité, et l’asservissement aux sévices qui lui sont infligés. »

——— Références officielles

Le ministère Santé Publique France a déjà créé le site https://www.onsexprime.fr/
Personnellement, ces vidéos qui adressent la question de « la première fois », je les trouve déplacées. On ne doit pas mettre pas en ligne ce contenu en justifiant que déjà les enfants regardent des films pornographiques à 11 ans depuis leurs smartphones ou les ordinateurs disponibles (il suffit de taper youporn).

L’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul. Celui qui a compris qu’on ne doit pas faire intrusion dans le développement de l’enfant avec des considérations d’adultes se doit de montrer l’exemple.

Si le Ministère considère que l’accès à la pornographie par les enfants est un problème, et je le pense bien sûr, il peut :

  • interdire la vente de smartphone aux enfants de moins de 16 ans, mais surtout :
  • sensibiliser les parents en montrant l’exemple : renoncer au programme de l’école numérique

Je renvoie aux travaux nombreux maintenant sur les méfaits de l’école numérique, tandis que partout en France, les municipalités achètent des équipements toujours plus sophistiqués.

Lorsque les professeurs invitent les élèves à aller sur internet pour prendre connaissance des devoirs qu’ils ont à effectuer, ça dure 1 minute. Et derrière Instagram est ouvert, ça prend 30 minutes, et derrière Youtube, et là c’est deux heures si on intervient pas. L’Éducation Nationale agit comme une porte d’entrée vers youporn : elle ouvre la voie vers le vide, lâche les élèves sans filet dans l’espace total du monde connecté. Rien ne remplacera le bon vieux cahier de textes et le temps qu’on prenait à le remplir. Et quand on l’avait rempli, on était structurellement certain qu’il n’allait pas se modifier à n’importe quelle heure de n’importe quel jour de la semaine.

———– À l’international, en langue française

Voir par exemple le programme de Jessica Andraos et Miriam Salem : Education à la santé et à la sexualité, qui vise plus particulièrement les enfants de primaire et de secondaire au Liban. Leurs objectifs :

  • sensibiliser à la construction des relations entre filles et garçons en faisant la promotion d’une culture de l’égalité
  • sensibiliser aux problématiques de violences sexuelles, à la pornographie, à la lutte contre les comportements sexistes ou homophobes

D’après elles, pour ça, il y a 7 composantes à enseigner aux enfants :

  • Le genre
  • La santé sexuelle et reproductive et le VIH
  • Les droits sexuels et la citoyenneté sexuelle
  • Le plaisir
  • La violence
  • La diversité
  • Les relations

Le problème, c’est qu’elles n’ont visiblement pas eu de cours de pédopsychiatrie !

On ne peut qu’être effrayé par l’intrusion de ces considérations de sexe en primaire et en secondaire.

Pour ma part, je veux bien que leur programme et leurs intentions soient pertinentes, mais à partir de la deuxième moitié du collège, aux alentours de la puberté.

———– En Maternelle, le consentement dès 4 ans

Où l’on apprend qu’en CM1-CM2, on est amené à dégainé les mots « sexe », « spermatozoïde », etc.

——– Qu’en disent les « mamans louves » ?

Voir leur intervention à la 150è du Conseil Scientifique Indépendant le 8 mai 2024 : « Éducation sexuelle à l’école » https://www.conseil-scientifique-independant.org/150eme-du-csi-le-08-05-24-education-a-la-sexualite-a-lecole/

——— Anecdote

Une anecdote personnelle.

Je travaillais dans une entreprise de 60 personnes dans les années 2000. Un de mes collègues un jour, dans mon bureau, me parle de sa fille, âgée de 14 ans, de ses formes, et lâche : « c’est compliqué ».

Et moi immédiatement, par réflexe, et je remercie mon oncle Claude de m’avoir suggéré la formule : « au contraire, il n’y a rien de plus simple… Ne pas toucher. »
Effectivement, tout l’amour d’un père et tout l’amour d’une fille sont détruits instantanément si l’on y touche.

Il n’y a pas deux familles qui pratiquent la même éducation à la sexualité, sans compter toutes celles qui n’ont pas conscience d’en proposer une intrinsèquement aux enfants.

Je sais qu’actuellement bon nombre de gens en poste sont particulièrement avisés de toutes ces considérations et ont des bonnes pratiques au sein de l’Éducation Nationale. Cela ne doit pas masquer les difficultés avec des personnes qui arrivent, croient révolutionner le sujet avec une nouvelle approche et peuvent pêcher par excès de bienveillance ou de justice.

Tant que les gens seront prisonniers de leurs prisons culturelles (de droite ou de gauche), ils ne se parleront pas et une société meilleure ne pourra advenir sans que les gens ne se parlent. C’est mon avis.

Taggé , .Mettre en favori le Permaliens.

A propos pplum-admin

Thèse de doctorat - Informatique Industrielle - INSA Toulouse - 1999 Licence professionnelle STER (Sciences et Technologies des Energies Renouvelables) - IUT Tarbes - 2004.

Laisser un commentaire